|
Pas de remise de peine pour Hortefeux !
21/09/2010 23:01
Pas de remise de peine pour Hortefeux !
Ni pour la plupart des journalistes.
par David Desgouilles
Brice Hortefeux nous avait déjà étonné, au début de l’été, en réinventant le sentiment d’insécurité. Selon lui, en effet, les progrès pour lutter contre celle-ci s’avéraient spectaculaires. Le Président de la République, sans doute grâce au renfort d’études d’opinion, avait vite pris conscience du caractère inaudible d’une telle assertion et avait ainsi prononcé le fameux discours de Grenoble dont la tonalité martiale tranchait avec les déclarations de son ministre de l’Intérieur.
J’ai bien peur que son entretien-choc, ainsi que le présentait en Une le Fig-mag de ce samedi, ne subisse pas la même correction de la part de Nicolas Sarkozy. De toute évidence, cet entretien a été préparé avec l’Elysée et rien de ce qui a été annoncé par le ministre n’a dû déplaire au Président de la République, comme le remarquait ce soir Jean-Michel Aphatie, lequel ajoutait malicieusement qu’il ne devait pas en être de même pour Michèle Alliot-Marie.
Pourtant, voir le ministre de l’Intérieur de ce gouvernement s’en prendre aux remises de peine et même réclamer l’élection des juges d’application des peines de manque pas de sel pour celui qui a suivi attentivement les débats parlementaires depuis trois ans. Lors d’une séance de nuit, en effet, c’est Nicolas Dupont-Aignan, qui siège aux non-inscrits, qui avait présenté un amendement supprimant le principe de l’automaticité des remises de peine. Celui, dont je n’ai jamais ici caché mon attachement, arguait que chez nos voisins britanniques et allemands, les réductions de peine ne constituaient pas la norme mais l’exception. Or, le gouvernement, pressentant que le Président de Debout la République pouvait entraîner l’adhésion de quelques députés de la majorité, avait fait appel au groupe socialiste pour faire repousser cet amendement, lequel aurait rendu inutile la sortie de Brice Hortefeux sur ce thème.
Evidemment, il n’y a pas eu beaucoup de journalistes pour le remarquer. Ni Jean-Michel Aphatie, qui refuse de connaître la vie politique française hors UMP et PS, ni ceux qui menaient l’entretien au Fig-mag ne furent interpellés par cet étonnant paradoxe. En fait, le seul journaliste ayant relevé, à ma connaissance, cette précieuse information, se trouve être celui que seuls les idiots continuent de dépeindre en sarkozyste : Eric Zemmour, à l’antenne de RTL le 9 septembre dernier.
Brice Hortefeux continue à se moquer du monde et la quasi-totalité de la presse française préfère collectionner les points Godwin à son sujet plutôt que de faire preuve de précision et de pertinence. Au ministre et à ses prétendus vigilants journalistes, je n’accorderais, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, aucune remise de peine.
| |